Une réflexion sur la femme adultère
Que justice soit faite !
Vous commencez à discerner les grands traits de l’évangile selon Jean. Vous en percevez la richesse.
Jésus n’est plus pour vous un personnage vraiment lointain, obscur. Vous l’avez vu agir, vous l’avez entendu parler. Vous avez remarqué sa capacité à mettre en lumière toutes choses. Son assurance aussi est frappante. Il ne dit pas « Je voudrais être la lumière du monde » ni « Je voudrais apporter au monde un peu de lumière ». Il a dit : « Je suis la lumière du monde ».
Dans sa bouche, ce n’est ni un souhait, ni une tentative… c’est un fait.
Dès le premier chapitre de l’évangile, vous avez lu que « La lumière luit dans les ténèbres ». L’entretien de Jésus avec la femme de Samarie, l’incident avec les pharisiens et la femme adultère en sont une bonne illustration.
Considérez cette femme que l’on traîne devant Jésus (Jean 8:1-11). Surprise en flagrant délit d’adultère. Elle est indéniablement coupable et les pharisiens exigent sans ménagement sa mort. La loi leur en donne le droit et ils ne se privent pas de l’invoquer ! Conduite au pied des murailles de la ville, chacun prendra une pierre qu’il lui lancera jusqu’à ce que son corps s’écroule, meurtri, sans vie. Il faut que justice soit faite !
C’est forts de toutes ces bonnes raisons qu’ils viennent prendre Jésus à témoin. Tout d’abord Jésus ne dit rien. Il semble même se désintéresser de cette affaire. Gardant les yeux baissés, il écrit quelque chose sur le sable.
Toutefois, ne nous fions pas aux apparences. Jésus est tout sauf indifférent.
Est-il embarrassé ? Peut-être, car il sent bien que c’est moins son avis que l’on recherche qu’une occasion de le prendre en défaut. Le cas de cette femme dont la loi exige la mort, c’est un piège qu’on lui tend. Cette femme n’est qu’un prétexte et pour ses juges, sa mort importe moins que la ruine de ce prophète de Nazareth qui les gêne.
Jésus comprend bien leur manège. Il sait que s’il pardonne, on l’accusera de ne pas respecter la loi, et donc de blasphémer puisqu’il s’agit d’une loi religieuse.
Pourra-t-il encore prétendre parler au nom de Dieu s’il s’oppose à cette loi donnée à Moise par Dieu lui-même ?
Mais s’il condamne cette femme, lui que le peuple suit et écoute à cause de sa bonté et de son amour, ne sera-t-il pas rejeté ?
En eux-mêmes, ces faits ne seraient pas de nature à l’embarrasser.
Il n’est pas préoccupé de sa personne et n’a jamais cherché à plaire à quiconque. Non, son souci est d’annoncer la vérité de manière à être compris, aussi bien des pharisiens qui veulent sa perte, que du peuple et de cette femme. Comment faire ? II doit dénoncer l’hypocrisie des accusateurs qui se prévalent de la religion mais dont le cœur reste plein de hargne, de haine, d’orgueil et de suffisance. Avides de violence, toujours prêts à s’indigner et à juger au nom de Dieu, ils sont pourtant incapables du moindre signe d’amour !
Et puis il y a cette femme.
Il ne cherche pas à atténuer sa faute mais Il désapprouve l’attitude de ses accusateurs.
Il n’a pas pour habitude de confondre la faute et le coupable. Il se refuse à réduire la personne à ce qu’elle a fait. Les pharisiens veulent faire disparaître la faute en supprimant son auteur alors que lui, s’il condamne la faute, veut que le coupable se repente et vive !
Sa démarche est une démarche d’amour, mais c’est aussi une mesure de bon sens.
Il n’a d’ailleurs aucune peine à le prouver : il demande que celui qui estime n’avoir jamais commis de faute, que celui qui croît être juste, jette la première pierre sur elle.
Il n’a pas relevé la tête, laissant ses juges se déterminer en conscience. Il n’a pas accusé ; il n’a pas jugé. Qu’en avait-il besoin ? A chacun de s’examiner, même superficiellement, pour se rendre compte de sa véritable nature.
Et tous se retirent, d’abord les plus âgés… puis les autres. Ils ont réalisé que si la loi de Dieu leur était appliquée, eux aussi mériteraient la mort.
Devant les hommes, on peut toujours se composer un masque, pas devant Dieu.
Jésus reste seul avec la femme. Alors seulement il lève les yeux sur elle.
Mieux qu’un long discours, mieux qu’une leçon de morale, un geste de compréhension ou d’amitié, une attention délicate peuvent bouleverser une vie, permettre de trouver l’espoir et la joie de vivre.
– Personne ne t’a condamnée ?
– Personne Seigneur.
– Moi non plus, je ne te condamne pas. Tu peux t’en aller, et maintenant, ne commets plus de péché.
Jésus pardonne. Pourtant, il ne le fait pas pour les mêmes raisons que pour les pharisiens. Il n’a rien à se reprocher et personne n’a pu trouver de faute en lui dit ailleurs l’évangile.
Théoriquement, il aurait pu, lui, jeter la première pierre en bonne conscience et en toute justice.
Le piège de ses adversaires n’a pas fonctionné. En effet, Jésus n’a pas cautionné la faute de cette femme puisqu’il l’invite à ne plus pécher.
Il ne rejette pas non plus la loi. Cependant son amour pour tous les hommes lui fait refuser le verdict de mort que la faute entraîne immanquablement pour chacun d’entre nous.
Lui seul pouvait condamner la femme. Son pardon seul comptait.
Il est comme une grande lumière. Le monde ne saurait vivre sans lumière. Il se glacerait vite et tout mourrait irrémédiablement. C’est d’abord en cela que Jésus est « LA LUMIERE ».
Il est source de toute vie puisqu’il nous sauve de la condamnation, comme pour cette femme.
Loin de lui, nous demeurons dans l’ombre, voués aux ténèbres.
Bien sûr, il nous arrive de cligner des yeux. Comme un enfant au réveil, nous avons tendance à rechercher la pénombre qui nous replongera dans le sommeil… Et pourtant, la vie est ailleurs, elle est au grand jour. Tel un arbre qui puise toute son énergie dans la chaleur du soleil, c’est en Jésus, la lumière, que nous avons la vie.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce passage. L’Évangile est une leçon de vie vraiment inépuisable.
L’expérience de cette femme dont l’histoire n’a pas retenu le nom, Jean ne la rapporte pas seulement pour elle-même, mais pour que nous mettions notre confiance et notre avenir entre les mains de Celui qui est la lumière du monde.
De l'évangile au Nouveau Testament... Du Nouveau Testament à la Bible entière
De l’évangile au Nouveau Testament.
Quelques instants avant son ascension, Jésus-Christ a incité ses disciples à « aller dans le monde entier prêcher l’Évangile ». Ce fut le point de départ du plus grand mouvement missionnaire dans le monde connu de l’époque.
Ils annonçaient l’Évangile (au singulier), la Bonne Nouvelle de l’amour de Jésus-Christ pour tous les hommes.
Les évangiles n’existaient pas encore. Pour cette raison, il faut faire une distinction entre l’Évangile et les évangiles qui sont quatre expressions écrites particulières de la même réalité.
Nous avons déjà esquissé cette nuance en parlant de l’œuvre de Jean. Mais peut-être est-il bon d’y revenir. Ces quatre livres sont en fait quatre regards différents et complémentaires sur Jésus-Christ. C’est un avantage certain pour notre compréhension.
Un seul regard ne pouvait suffire à cerner la dimension extraordinaire de Jésus qui d’ailleurs reste bien au-delà de tout ce qu’on peut dire ou écrire sur lui.
Le donné de la révélation est plus grand que les mots qui l’expriment !
Chaque évangéliste a su choisir, résumer et adapter l’impact de l’enseignement de Jésus en fonction de la mentalité, de la culture, et des besoins des diverses communautés chrétiennes.
Le but de ces hommes, nous l’avons dit, n’était pas de faire la chronique des événements au jour le jour, de faire une sorte de procès-verbal, mais bien de nous sensibiliser à la leçon spirituelle d’une aventure humaine.
Ces quatre évangiles ne sont pas isolés. Ils s’intègrent dans un ensemble de 27 écrits. Ils représentent tout l’héritage que l’église naissante a légué aux générations à venir. Cet ensemble constitue le Nouveau Testament :
— Les évangiles qui racontent la vie de Jésus.
— Le livre des Actes des Apôtres (parfois appelé le cinquième évangile) écrit par Luc, relate les faits et gestes des disciples du Christ qui ont fondé les premières églises chrétiennes.
— Des lettres adressées par les apôtres aux chrétiens de l’Église des premiers jours.
— Un écrit prophétique, l’Apocalypse.
Le Nouveau Testament est lui-même la seconde partie et le prolongement de l’Ancien Testament. L’Ancien Testament et le Nouveau Testament constituent la Bible.
Comment la Bible est-elle née ?
Imaginez que pendant 1500 ans, et même un peu plus, on pose de temps en temps un volume sur une étagère jusqu’à ce qu’il y en ait 66. Qu’on fasse ensuite de tous ces écrits un seul livre, imprimé et relié ! C’est à peu près ce qui est arrivé.
La Bible est une bibliothèque… et pourtant elle tient dans la main !
Bibliothèque du peuple d’Israël et de l’église chrétienne, la Bible est une grande fresque. Au fil des pages on se bat, on chante, on danse, on voyage avec des personnages hauts en couleurs.
Mais par-dessus tout, on rencontre Dieu. Car la Bible est d’abord le témoignage vivant de sa présence constante au sein de cette humanité qui lutte, souffre, pleure et meurt… Mais aussi qui espère aime et vit.
Après un regard majestueux sur l’origine et le lointain passé de l’humanité dont il veut essentiellement souligner la dépendance divine, le récit biblique rapporte l’aventure d’Abraham, qui découvre la foi et qui s’engage avec confiance sur le chemin que Dieu va lui tracer.
Pour cette raison, il sera appelé « le père des croyants ».
Une poignée de nomades, vivant sous des tentes de peaux de chèvres noires, va vivre alors intensément l’accomplissement de la promesse faite à leur père.
Le peuple qui descendra de ces hommes rudes vivra au rythme de ses sages, de ses prophètes qui jalonneront cette longue histoire qui rappelleront et transmettront sans cesse les « Paroles de Dieu ».
Des noms prestigieux resteront dans tous les esprits : Moïse, David, Salomon, Élie, Ésaïe, Jérémie, Daniel et tant d’autres… Tantôt fidèle, tantôt infidèle, Israël dans tous les événements de son histoire éprouvera la présence de Dieu.
Archives d’un peuple qui s’intéresse plus au sens des choses qu’à leur côté extérieur, l’Ancien Testament préparait la Parole de Dieu pleinement manifestée en Jésus-Christ (Jean 1:1-8).
La Bible, Ancien et Nouveau Testament, à la fois le cœur de l’homme et le cœur de Dieu ; partout un même fil conducteur, une même étoile, un même horizon. L’esprit unique qui en a inspiré les auteurs et a voulu que l’homme sache de quel amour il est aimé de Dieu.
La Bible est une histoire d’amour, l’histoire des relations profondes entre Dieu et les hommes.