Le témoignage des textes profanes
Ils sont peu nombreux. La marginalisation du christianisme à ses débuts et la disparition accidentelle d’une masse considérable de manuscrits anciens dans les premiers siècles, expliquent cette rareté.
Cependant, il y en a.
S’ils ne nous apprennent rien sur Jésus lui-même, ils nous renseignent sur la prédication des premiers croyants et nous la présentent bien telle que le Nouveau Testament la rapporte.
Certains ont prétendu que la résurrection était une invention tardive, un fait rajouté par les églises. C’est la position de l’Islam en particulier, mais aussi de nombreux incroyants qui trouvent là un moyen facile de se justifier.
Cependant, les écrits profanes ruinent cette tentative. On peut ne pas croire en la résurrection, mais il est impossible de nier qu’elle fut bien le fondement de la prédication chrétienne dès les origines.
Réactions romaines
« En ce temps là, vivait Jésus, homme sage, si tant est que le mot `homme’ convienne. Il faisait en effet des choses extraordinaires. C’était un maître à penser, le maître de ceux qui recevaient avec plaisir la vérité. Il en a entraîné beaucoup à sa suite, non seulement des Juifs, mais aussi des habitants de l’empire. C’est lui qu’on appelait le Christ. Mais, sur dénonciation des notables de notre peuple, Pilate l’a condamné à mourir sur une croix.
Cela n’empêcha pas ses disciples de continuer à l’aimer car il leur apparut vivant trois jours après son supplice (…).
Jusqu’à aujourd’hui, la lignée des chrétiens, ainsi nommés à cause de lui, s’est prolongée » (Flavius Josèphe, Antiquités Juives).
Ce texte d’un historien juif au service de Rome, date de l’An 93 (à cette époque, l’évangéliste Jean est encore vivant). Il se fait l’écho de ce que le monde d’alors savait sur Jésus, c’est-à-dire de ce que les apôtres enseignaient.
Pline, dans une lettre à l’Empereur Trajan (en 110), soulignera avec indignation qu’on adore Jésus « comme s’il était Dieu ». Quant à Tacite (Annales), il le décrit comme le fondateur de « la secte » (le christianisme), qu’il qualifie de « superstition détestable ».
L’hostilité romaine, qui devait culminer lors des persécutions sous le règne de Néron, n’avait pas de fondement religieux. Tout le monde sait que Pilate lui-même ne condamna Jésus qu’à regrets et sous le chantage.6 C’est le refus des chrétiens de rendre un culte à l’empereur qui força la main des Romains : dans cet empire trop grand et trop fragile, le culte impérial était le ciment indispensable de l’unité. Le contester, c’était provoquer l’Etat et cela, ils ne pouvaient l’admettre. A la limite, ils pouvaient faire une exception pour les Israélites mais, comme le souligne Josèphe, le christianisme débordait largement le cadre juif : il devenait donc une menace.
Les réactions grecques
Elles furent hostiles aussi, mais pour des raisons moins nobles. Au nom de la tolérance, les Grecs étaient prêts à admettre la nouveauté. Leur religion était suffisamment floue pour ne pas ressentir le christianisme comme une menace.
Mais le commerce d’objets sacrés qu’ils entretenaient et dont des villes importantes comme Ephèse tiraient leurs revenus, risquait de souffrir d’un culte sans image et sans idole.
C’est ainsi que naquirent les premières persécutions dans ce pays.
Les réactions juives
Elles sont strictement religieuses. Pour eux, Jésus était un blasphémateur. C’est pour cela qu’ils l’avaient fait condamner et exécuter. Le fait qu’il soit Juif ainsi que la totalité des premiers disciples ne faisait que les irriter davantage. Ils appliquèrent donc la loi en vigueur chez eux et traquèrent les chrétiens partout où ils les trouvaient. Comme nous l’avons dit, il leur aurait suffi de montrer le cadavre de Jésus pour tout arrêter, mais ils ne le purent pas.
Le bourreau des chrétiens le plus connu était Saul qui deviendra plus tard l’apôtre Paul.
Où qu’ils aillent, pour une raison ou pour une autre, les premiers croyants trouvèrent l’hostilité et connurent les persécutions.
Ils le savaient, mais cela ne les arrêta pas. Ils avaient commencé d’annoncer la résurrection à Jérusalem, la ville de l’Empire la plus dangereuse pour eux. Ils ne s’arrêteraient qu’aux extrémités de la Terre.
Le témoignage des disciples
Sur quoi s’appuient-ils pour dire que Jésus est ressuscité ?
Mentent-ils ou ont-ils été trompés ? Sont-ils devenus tous fous ?
Sont-ils victimes d’un canular, d’une hallucination collective ?
La mort du maître
Bien que Jésus la leur ait annoncée depuis longtemps, ils ne veulent pas y croire. Ils se refusent à admettre que tout finisse ainsi et se déclarent prêts à le défendre, les armes à la main s’il le faut.
Mais quand Jésus est arrêté de nuit, les disciples profitent de l’obscurité pour fuir et se cacher. Pierre tente bien de suivre les choses de loin mais, reconnu par une simple servante, il ment et renie son maître par trois fois.
Au pied de la croix, il n’y aura que Jean et quelques femmes. Les évangélistes, dans leurs récits, n’essaient pas d’atténuer leur responsabilité ou de masquer leur peu de courage. Sans mots inutiles, ils se dépeignent tels qu’ils ont été.
Cette franchise explique la confusion relative de leur narration. Excepté Jean, ils ne sont pas à la meilleure place pour observer les choses. C’est pourquoi ils nous livrent des visions fragmentaires de la crucifixion qu’il convient de mettre en parallèle, pour obtenir une vue d’ensemble de l’événement.
Après la mort de Jésus, tous sont désespérés. Tout est terminé pour eux. Ils attendent la fin du sabbat pour retourner chez eux et reprendre leur vie d’avant. Les femmes quant à elles, préparent ce qu’il faut pour embaumer le corps. Aucun n’a en tête même l’espoir d’une résurrection. Tout dans leur attitude démontre le contraire.
Le tombeau vide
Les disciples et les proches de Jésus sont donc les premiers surpris de cette nouvelle. On aurait pu s’attendre de leur part à une explosion de joie, mais c’est le doute qui l’emporte. Ils restent songeurs, étonnés, ils ne savent visiblement pas quoi penser.13
L’attitude des Pèlerins d’Emmaüs est révélatrice : alors qu’ils sont au courant, et bien que certains aient déjà prétendu avoir revu Jésus vivant, ils rentrent chez eux tout tristes et continuent de pleurer la mort de leur maître. Les doutes de Thomas vont dans le même sens : absent lors de la première apparition de Jésus aux disciples, il refuse de croire le témoignage concordant de ses amis.14
Rien dans leur comportement ne permet de croire que les premiers croyants aient été plus crédules, moins rationnels que nous. La découverte du tombeau vide les prend à contre-pied mais elle ne signifie pas pour eux la résurrection ; elle est au contraire révélatrice d’une manœuvre de leurs ennemis. Il est en effet amusant de voir que la première parole des femmes sera pour se plaindre que l’on ait volé le corps de Jésus !15 Pour elles aussi, c’est la solution logique du problème.
Jésus leur apparaît
La communauté des disciples ne reste pas longtemps dans l’incertitude. Jésus se montre à eux : il vient leur rendre visite. Mais là encore leurs réactions sont imprévues. Au lieu de se réjouir, ils pensent que c’est un fantôme qui leur apparaît, qu’ils sont victimes d’une hallucination.16
Cette suggestion qui sera faite plus tard, ce sont eux qui l’ont formulée les premiers. Elle montre leur totale surprise et leur caractère fondamentalement terre-à-terre : après avoir épuisé les solutions logiques, ils en sont aux solutions irrationnelles, quasiment magiques et parapsychologiques. Nous n’avons rien inventé !
Mais ils doivent renoncer à leur interprétation : Jésus leur parle, mange et boit avec eux, se laisse toucher, questionner. Il n’a rien d’un fantôme même si son corps possède des propriétés inhabituelles.
Il passe tout un après-midi sur la route avec les pèlerins d’Emmaüs sans qu’ils aient la moindre raison de mettre en doute son humanité. Puis, il apparaît à beaucoup d’autres personnes qui en témoigneront plus tard.17
Pourtant, ayant été témoins de la résurrection, les disciples n’éprouvent pas encore le besoin de le crier sur les places. On les voit au contraire rentrer chez eux et reprendre leurs activités, comme si rien ne s’était passé. C’est là que Jésus ira les rechercher et leur donnera la direction à suivre.18
Cinquante jours après la crucifixion, on les retrouve à Jérusalem : ils ont changé. Finie la crainte, balayée la tristesse, envolée la timidité. Devant une foule venue des quatre coins de l’Empire, ils parlent hardiment. Plus de lâcheté, plus de fuite : ils vont au contraire au-devant du danger pour annoncer leur vérité.19
Le cas le plus intéressant est celui de Jacques, le frère de Jésus. C’est un sceptique. Il n’a jamais cru Jésus qu’il tenait, comme le reste de sa famille, pour fou.20
Or, le voilà maintenant persuadé du contraire. Seule la vue de Jésus ressuscité explique ce changement. Devant cette évidence, Jacques doit s’incliner et reconnaître son erreur.
Mensonge
Les gens de mauvaise foi peuvent toujours le supposer. Mais il faut se rendre compte que personne n’a pu leur fermer la bouche et prouver qu’ils mentaient ! Se rendre compte aussi que leur témoignage ne pouvait leur attirer que des ennuis. C’est d’ailleurs ce qui se produisit puisque beaucoup d’entre eux, Pierre y compris, moururent à cause de lui.
Et puis, si les disciples n’étaient pas parfaits, ils n’étaient pas non plus des bandits endurcis au point de mettre sur pied un mensonge concerté et de le soutenir ! D’ailleurs, un mensonge n’est commis que par facilité ou par intérêt. Or ici, la facilité était de ne rien dire, leur intérêt était de se taire et ils le savaient !
Le dernier apôtre, le dernier témoin
C’est l’apôtre Paul qui a tout perdu à cause de sa foi en Jésus ressuscité : son rang, son prestige, sa sécurité, ses habitudes et ses amis. Prêtre et pharisien, il appartenait à l’élite juive qui avait fait condamner Jésus. Il s’était trouvé parmi les premiers bourreaux des chrétiens dès son plus jeune âge.21 Il avait ensuite parcouru toute la Palestine pour les massacrer.
Puis, un jour, sur la route de Damas, Jésus lui apparut. Dès lors, tout change et cet homme intrépide « retourne sa veste ». Mensonge encore que son témoignage ?22 Folie subite ? Non. Ses écrits montrent un homme sage, réfléchi, raisonneur… il a toute sa tête et sa conversion ne peut reposer que sur la réalité de l’expérience qu’il nous décrit.
Lui aussi mourra à cause de sa foi. Lui aussi le savait. Cela ne le fit pas reculer un instant. Seule la Vérité a une telle force !
Si l’on considère d’autres religions, l’Islam par exemple, on trouve autant de personnes convaincues et qui risquent leur vie pour leur vérité. Le zèle ne prouve donc pas forcément que l’on ait raison. On meurt hélas ! Tout aussi facilement pour des mensonges que l’on prend très sincèrement pour une vérité.
C’est très vrai et nous ne le contestons pas. Mais prendre cet argument en considération pour le christianisme, c’est méconnaître sa profonde originalité. Les religions proposent une image du monde, des idées. Elles s’appuient sur des réflexions (le Bouddhisme) ou sur des révélations (l’Islam). Le Christianisme a aussi ces deux composantes, mais elles ne sont pas fondamentales. Ce ne sont pas elles qui lui ont donné naissance.
Seul de toutes les religions, il s’appuie sur des événements : La mort de Jésus et sa résurrection. Ce sont eux qui furent à son origine. Pas de résurrection, pas de christianisme !
Les premiers croyants ne sont pas morts pour des idées ! Ils sont morts pour quelqu’un de vivant : Jésus.23
Pour conclure…
Voilà, vous avez tous les éléments en main. Peut-être les avons-nous formulés maladroitement, mais nous avons voulu réfléchir sur la résurrection et peser le pour et le contre.
Il est temps de faire un bilan. Prenez-le un peu comme une enquête policière : il y a des faits historiques, il faut leur trouver une explication. Le tombeau vide, l’annonce de la résurrection, les apparitions de Jésus, la transformation radicale du comportement des disciples, l’expérience de l’apôtre Paul, le témoignage des écrits profanes, les premières communautés… tout cela appartient à l’histoire qui en possède les preuves.
Quand Louis Wallace entreprit d’écrire « Ben Hur », il le fit pour renverser le Christianisme. Puis, au fur et à mesure qu’il épluchait ses documents, à force de les soupeser, de les éprouver, il en vint à changer son point de vue et il se convertit à la foi chrétienne.
C.S. Lewis, philosophe anglo-saxon, affirme que l’homme peut croire s’il le veut…
La résurrection n’est pas explicable : elle est la manifestation de la puissance de Dieu. Mais sa réalité, elle, est accessible pour la raison ! C’est à vous de savoir si vous le voulez ou non !