Examinez un pot de terre. Avec quelques connaissances et un peu d’habitude, vous pourrez dire avec quoi il a été fait, selon quelle méthode, s’il a été cuit ou séché au soleil.., mais vous ne pourrez pas déduire avec certitude de ces découvertes qui l’a fait, qui l’a conçu.
Examinez l’homme, armez-vous de toutes les connaissances, vous buterez pareillement sur ce problème. A ce niveau, la science est muette : mais la Bible nous révèle que le Créateur n’est ni anonyme ni impersonnel : c’est Dieu qui a créé l’homme. En affirmant cela, elle énonce une vérité que la science ne peut ni démontrer ni déduire.
C’est ce qui explique que beaucoup de savants sont croyants et que beaucoup d’autres ne le sont pas. Ils ne sont plus dans leur domaine et ne sont pas mieux instruits que le simple profane pour croire ou ne pas croire. Car le problème n’est pas de concilier foi et science ou de choisir foi ou science. Le point d’accrochage est d’admettre qu’il existe un « au-delà » de la science, qu’elle n’est pas la fin de toute chose et que certaines réalités lui échappent. En gros, c’est un problème d’humilité.
Mais le texte va plus loin : l’homme, créé en dernier, reçoit le monde comme un somptueux cadeau. L’environnement, le milieu, les animaux, tout est pour lui. Dieu est un Dieu d’ordre et il n’a pas voulu « faire une expérience » et voir qui, de sa création ou de ses créatures, l’emporterait.
Certains scientifiques pourtant, bien que ce soit un domaine qui échappe à leurs capacités, contestent la position biblique et font du hasard le créateur universel. Dès lors, ils ne peuvent admettre que le monde ait été fait pour l’homme car le hasard ne peut avoir ni but ni plan. Si l’homme est apparu en dernier, c’est qu’il fut « produit » par un milieu favorable à la suite d’un enchaînement de causes et de conséquences désordonnées.
Depuis un siècle, ils opposent au texte biblique la « théorie de l’évolution » vulgarisée et déformée sous la forme : l’homme descend du singe ». Enseignée dans les écoles, généralement admise comme une vérité scientifique incontestable, elle semble renverser le texte biblique et donc la foi en un Dieu créateur.
Les débats sur ce sujet furent nombreux, souvent très obscurs et très techniques. Contentons-nous ici de jeter quelques bases de réflexion simples.
L'évolution
Selon elle, la vie serait issue de la matière et se serait développée par des transformations successives.
C’est une espèce de grande chaîne : théoriquement, il y a la matière sans vie au début de la chaîne et l’homme moderne à l’autre. Au fil des maillons seraient apparues les différentes espèces, dont le singe qui semble être notre « cousin » sinon notre frère. Nulle autre intervention que celle du hasard (grand maître d’œuvre aveugle du monde et de l’univers) et de la nécessité (moteur du système).
Il est sous-entendu que toutes ces transformations se font dans le bon sens, c’est-à-dire dans le sens de l’amélioration et du progrès.
C’est une « théorie », c’est-à-dire un modèle. Ce modèle reste à vérifier pour passer du stade de la théorie à l’état de science. En effet, la science est l’ensemble des choses que l’on sait ou que l’on vérifie et non pas de celles que l’on suppose.
La théorie de l’évolution est séduisante à plus d’un titre, mais les évolutionnistes eux-mêmes avouent qu’ils rencontrent certaines difficultés pour produire la preuve définitive de leurs dires.
Ces difficultés doivent nous rendre très prudents. Elles ne signifient pas forcément que toute la théorie soit fausse, mais elles interdisent de l’imposer comme une vérité indiscutable. C’est contre ce simplisme que nous nous élevons avec force.
Il n’existe aucune preuve d’un quelconque saut d’une espèce à l’autre. Dans la chaîne de l’évolution, ce maillon indispensable n’a jamais pu être produit ! Le trouvera-t-on un jour ? Personne ne peut répondre. Certains assurent que oui : mais ils parlent ainsi parce qu’ils sont convaincus que l’évolution est une vérité. En fait, ils tournent en rond puisque c’est justement la découverte de ce « chaînon manquant » qui prouvera que la théorie est vraie !
A l’heure actuelle, rien ne permet d’affirmer que l’homme ait été autre chose qu’un homme à l’origine. On peut admettre une évolution au niveau de sa forme ou de sa stature, mais l’homo habilis ou l’homo sapiens étaient déjà des hommes !
D’ailleurs, si certains fossiles semblent appuyer la thèse d’une évolution au sein des espèces, la découverte de ce que l’on a appelé des « animaux fossiles » vivants pose un problème pratiquement insoluble dans le cadre de la théorie générale.
En fait, le grand malentendu est l’opposition que l’on voudrait faire entre la CRÉATION et l’ÉVOLUTION. Car, quelle que soit la « méthode », elle suppose un créateur qui l’utilise.
Mais sur ce terrain, le croyant n’est pas seul à lutter : au nom même de la science et d’après les calculs de probabilité, une partie du monde scientifique refuse catégoriquement la solution du hasard providentiel.
La position biblique
Les problèmes scientifiques qui sont les nôtres aujourd’hui trouvent peu d’écho dans la Genèse. Plus soucieux de dévoiler le sens de la création que son processus, Moïse nous dit qui en est l’auteur sans trop s’attarder sur le comment.
Cependant, son texte fourmille d’indices dont il faut tenir compte. En effet, rien ne serait plus faux que de supposer ces premiers récits « naïfs et enfantins » : en réalité chaque mot y est soigneusement choisi en vue d’en éclairer la portée.
- C’est Dieu qui a créé l’homme à l’origine, pas de hasard mais une volonté créatrice en action !
- Dieu forme l’homme de la poussière de la terre. Fondamentalement, l’homme n’est pas différent de son milieu : il existe même un lien certain entre la « glaise » — tel est le sens du mot hébreu — d’où il est tiré et lui. D’ailleurs son nom — Adam — signifie « le sol » : l’homme avant tout est le terrien ! Peut-on en déduire qu’entre « glaise » et « Adam » il y ait eu une évolution ? Ce texte, pris isolément, n’exclut pas cette possibilité, mais il faut considérer un autre indice pour tirer vraiment les enseignements de ce passage.
- Dieu fait et Dieu crée
La Genèse utilise deux verbes différents pour traduire l’action de Dieu. Le plus souvent, c’est le verbe « faire » qui est choisi par l’auteur.3
Il arrive même que Dieu ne soit plus « sujet », comme si tout en restant sous son contrôle, la création se prenait en charge.
Mais quand il s’agit de marquer le passage d’un état à un autre, d’un règne ou d’une espèce à l’autre, l’hébreu emploie « bara » créer — exprimant ainsi une différenciation radicale dont le moteur est la seule volonté de Dieu. Pas question alors d’évolution ou de transformisme : c’est de mutation qu’il s’agit ! Une nouveauté radicale apparaît.
Trois fois ce verbe « bara » apparaît pour souligner l’intervention directe et indispensable de Dieu :
- Au commencement5, lorsque Dieu crée les cieux et la terre : création de la matière qui, le troisième jour, produira le monde végétal.
Le mot «jour » utilisé par la Genèse n’est pas à interpréter comme une journée de 24 heures. Bien que rien ne l’interdise, il est à remarquer que très souvent le texte biblique utilise le mot dans un sens très large pour décrire une période assez longue. Jésus lui-même, suggère que le 7ème jour de la création dure encore à son époque !
- Une seconde fois, le 5ème jour quand il crée le monde animal.
- Enfin, le 6ème jour quand il crée l’homme.
Ainsi, si le texte laisse une place à un procédé évolutif au sein des espèces (et même de l’espèce humaine !), il paraît bien le rejeter dès qu’il s’agit d’expliquer le passage de l’inanimé à la vie, du végétal à l’animal et enfin de l’animal à l’homme : ces grandes mutations ont exigé de véritables actes créateurs !
Examinées ainsi, Bible et science sont loin de se contredire. Toutes deux intègrent la durée dans le phénomène de la création ; toutes deux laissent une place à une évolution « sectorielle » (l’exploitation des fossiles ne permet pas d’en affirmer plus).
Par contre, aucune des deux ne permet de franchir l’abîme qui sépare les différents règnes !
C’est pourquoi l’homme, bien que tiré de la poussière, n’est pas que poussière : il a une dimension unique !
L'homme créé par Dieu à l'image de Dieu
Voilà ce qui le différencie de toutes les autres espèces: il est « à l’image de Dieu ».
Le mot « image » est assez simple, mais la formule a donné lieu à des interprétations diverses.
L’image implique une différence
Dans une galerie de peinture, après la guerre, on exposa un tableau représentant une pipe avec pour légende: « Ceci n’est pas une pipe ! ». Les gens furent d’abord surpris puis ils comprirent : effectivement ce n’était pas une pipe, on ne pouvait pas la prendre en main et la fumer ! Ce n’était que l’image d’une pipe.
De la même manière, dire que l’homme est « image de Dieu », c’est d’abord souligner qu’il n’est pas Dieu.
Contrairement aux autres religions de l’antiquité (que Moïse connaissait lorsqu’il écrivit la Genèse), il n’est pas question de faire de l’homme un dieu ou un demi-dieu. L’homme est poussière. Il est d’abord « le terrien ». La Bible le rappellera souvent en disant que « Dieu est au ciel et l’homme sur la terre.»9
Qui dit « image » dit ressemblance, analogie
Si l’homme n’est pas Dieu, il lui ressemble. C’est la créature en qui Dieu a mis « beaucoup de lui-même ».
On pourrait dire que l’homme est le représentant de Dieu au sein de la création. Il est administrateur de la terre et possède une autorité sur elle. Dieu ne l’a pas créé pour être une belle statuette décorative ; il a voulu lui donner des responsabilités et une liberté. Gérer le monde, tel est le rôle de l’homme.
On a tous entendu parler de ces « présidents » de sociétés ou d’organisations : ils ont le titre, cela leur fait plaisir, mais ils ne font rien. Dieu aurait pu faire de l’homme le « président d’honneur » de la création. Mais alors, il se serait moqué de lui. L’homme n’aurait pas vraiment été l’image de Dieu, tout au plus son portrait, inutile comme un vieux tableau pendu au mur, que tout le monde voit mais dont personne ne tient compte. Dieu n’a pas voulu cela. Il a voulu que l’homme s’occupe des affaires de son Créateur : signe de confiance mais surtout d’amour.
C’est ainsi que l’homme dominera sur les animaux et qu’il leur donnera un nom. Comme pour Dieu, sa parole sera un signe de sa puissance et de son autorité.
L’homme jouira, comme son Créateur, d’une liberté. Bien plus, il sera appelé à se multiplier. Car faire des enfants n’est pas seulement un plaisir sensuel. C’est une œuvre de création, à l’image de Dieu lui-même.
Être image de Dieu, c’est aussi une condition
Nous avons vu, dans le chapitre précédent, que Dieu n’est pas « solitaire ». Il est Père, Fils et Saint-Esprit. Il est trinitaire et les trois personnes de la Trinité vivent en harmonie et dans la concorde.
« L’image de Dieu » non plus ne peut être seule. Elle a besoin d’un vis-à-vis qui lui ressemble. C’est pourquoi le texte biblique, après avoir dit que Dieu a créé l’homme à son image, ajoute qu’il les (remarquez le pluriel) a créés « mâle et femelle », homme et femme. C’est le fondement du couple humain.
Beaucoup de mythes parlent d’un être originel bissexué, d’un androgyne. La Bible rejette catégoriquement une telle possibilité qui aurait fait de la créature un organisme sexuellement autonome. La différence des sexes voulue par Dieu rappelle à l’homme et à la femme qu’ils sont des êtres de relation. Dans un certain sens, ils sont indispensables l’un à l’autre et leurs rapports sont « à l’image » de leurs rapports avec Dieu. C’est ce thème que reprendra le Nouveau Testament en parlant de l’Eglise comme de la « fiancée de Jésus-Christ ».
Dans le but de la création, l’accord entre l’homme et la femme reflète celui qui unit « le Père, le Fils et le Saint-Esprit ». Il se manifeste à trois niveaux :
- Au sein du couple d’abord : c’est la confiance qui règle leurs rapports, non pas la force et la dissimulation.
Leur nudité leur rappelle leur différence et leur besoin de l’autre. Mais cette différence vécue en pleine lumière les unit : ils sont une aide l’un pour l’autre. Ils ne sont pas en concurrence, ils sont complémentaires et ils le savent.
- Harmonie avec le milieu : « bien dans leur peau », l’homme et la femme le sont aussi avec leur environnement. Le monde et les animaux qui le peuplent ne leur sont pas hostiles. Pas de rivalité entre l’homme et la nature, pas de dur combat : le couple humain jouit de son jardin qui lui-même bénéficie de cette gérance paisible.