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Réflexion sur le texte de la résurrection de Lazare

L’espérance de la résurrection

Avec cette quatrième partie de notre parcours avec l’évangile selon Jean, nous arrivons à la dernière section de notre réflexion.

Nous espérons que cette approche de Jésus à travers l’œuvre de Jean vous aura donné l’envie d’aller plus loin et de poursuivre le chemin commencé.

Connaître Jésus-Christ et en vivre, voilà qui mérite tout notre effort, tout notre intérêt.

Etre chrétien, ce n’est pas une simple question d’opinion, une option arbitraire, une affaire de naissance. C’est un choix de vie. C’est même plus que cela… En fait, c’est choisir la vie !

Dans cette section, nous allons nous pencher sur le texte qui rapporte la résurrection de Lazare (Jean 11:1-44). Jean est le seul évangéliste à nous en parler. A ses yeux, cette scène occupe indiscutablement une place majeure dans la dernière partie du ministère de Jésus.

On est frappé par le côté dramatique et spectaculaire de ce tableau. Mais il faut dépasser ce premier stade. Nous avons remarqué que lorsqu’une rencontre, un épisode lui paraît significatif, l’évangéliste le présente comme une leçon vivante. L’anecdote est toujours au service d’un enseignement. Elle n’est jamais fortuite, gratuite.

Ce miracle est le septième rapporté par Jean dans son évangile. S’il l’a placé ainsi, c’est bien que la résurrection de Lazare apparaît pour lui comme le signe le plus éclatant du pouvoir que Jésus a sur la mort et aussi… le pouvoir qu’il a de donner la vie. En effet, le chiffre 7 est couramment utilisé pour exprimer, dans la Bible en particulier, soit la perfection, soit la plénitude.

Remarquons que si l’intervention de Jésus, qui redonne la vie à Lazare, démontre sa puissance, elle signe aussi son arrêt de mort.

C’est à cet instant que les chefs religieux, jaloux mais aussi inquiets de sa popularité grandissante qui menaçait directement leur pouvoir, décident de l’éliminer. Ce miracle est la préface de la passion de Jésus qui le conduira à la Croix. Toutefois, il annoncera en même temps sa résurrection !

 

 

Lazare revient à la vie

Un homme était malade. Pas n’importe qui. L’un des plus chers amis de Jésus. Pourtant, Jésus ne se hâtera pas d’aller vers lui. On peut même dire qu’il tardera !

Jean relève ce point (Jean 11:6) mais il rapporte aussi la curieuse réflexion de Jésus à cet instant : « La maladie de Lazare ne va pas le faire mourir… »

Contradiction, erreur de diagnostic, légèreté de la part de Jésus ?

Que comprennent alors les disciples ? Sans doute que Lazare n’est pas aussi malade que ses sœurs ont bien voulu le dire…

Les femmes ont peut-être tendance à exagérer et Jésus sait ce qu’il fait ?

Ils ont confiance en leur Maître. Ils savent qu’il n’a pas besoin de se déplacer pour guérir. Ils ont assisté à la guérison « à distance » du serviteur de l’officier romain (Luc 7:1-10) ; ils ont aussi été les témoins de celle du fils d’un notable, toujours sans que Jésus se déplace (Jean 4:46-54). Alors pourquoi s’inquiéter ?

S’il dit que la maladie n’est pas mortelle, c’est soit qu’il a guéri Lazare à distance, soit que ce dernier est déjà remis de ce qui n’était qu’un malaise passager.

Mais les disciples se trompent. A tel point qu’ils ne comprennent pas pourquoi Jésus décide soudain, deux jours après le message de Marthe et Marie, de se rendre en Judée. Ils savent qu’il risque sa vie et trouvent cela inutile… Mais Jésus insiste : comme un bon ouvrier qui finit sa journée de travail, lui aussi doit achever sa mission et cette mission le ramène chez Lazare.

Il sait ce qu’il risque en revenant à seulement trois kilomètres de Jérusalem où les chefs religieux ont juré sa perte… mais il doit aller « réveiller Lazare » (Jean 11:11).

Stupeur des disciples… Pour eux, le cas était réglé, d’une manière ou d’une autre. Aller au-devant de la mort pour « réveiller Lazare », leur semblait déplacé.

Alors Jésus précise sa pensée : Lazare est bien mort !

On peut même dire que s’il a tant tardé, c’était pour laisser à Lazare le temps de vraiment mourir. Il ajoute d’ailleurs qu’il est heureux de ne pas avoir été là (Jean 11:15).

Comment ne pas se poser des questions devant une telle attitude ? On est en droit d’être choqué, indigné, révolté… Jésus peut redonner la vie aux morts et Il l’a déjà fait (Luc 7:11-17 ; Luc 8:40-56). La belle affaire puisqu’il ne l’a pas fait pour son meilleur ami. Marthe et Marie ne se priveront pas de le lui reprocher : « Si tu avais été là… » Mais il n’y était pas. (Jean 11:21 et 11:32). Leur déception, le mot est faible, doit être bien grande. Cependant elles gardent confiance, tout comme les disciples qui décident de le suivre fidèlement, quitte à mourir avec lui.

Pour bien comprendre le récit, il faut d’abord en connaître la fin (Jean 11:39-44) et savoir que Jésus va redonner la vie à Lazare, non pas sous la pression des événements, non pas pour faire oublier son retard, mais parce qu’il l’a voulu ; il est revenu pour « réveiller » son ami.

C’est à la lumière de ce prodige qu’il faut lire le début. On s’aperçoit alors que Marthe et Marie ont eu raison de s’adresser à lui car il est bien le seul recours possible, le seul qui comble l’attente même la plus folle, de ceux qui espèrent en lui.

On découvre aussi, la leçon est peut-être dure, que la réponse de Dieu n’est pas obligatoirement celle que l’on souhaite. Difficile à accepter, mais la réponse est rassurante. La destinée de Lazare n’est pas entre les mains de ses sœurs, pas plus que dans la rapidité d’un homme qui marche : sa destinée est celle voulue par Dieu.

On ne connaît pas les réflexions de Lazare sur son lit de mort. Sans doute espéra-t-il jusqu’au bout l’arrivée de Jésus… Et Jésus vint… trop tard ? Non ! Lazare espérait alors une guérison, Jésus lui donna bien plus, la résurrection. Quelle expérience merveilleuse !

Du coup, il devient un témoin privilégié de sa puissance et de son amour. Ce privilège ne sera pas sans risque car c’est à cause de cela que les chefs de Jérusalem vont chercher à l’assassiner (Jean 12:10).

Qu’a donc de spécial la résurrection de Lazare ?

Dans les autres cas, on pouvait toujours prétendre que le malade n’était pas vraiment mort, qu’il était dans une espèce de coma…

Ce n’est pas possible cette fois-ci ; en effet, Jésus avant de rendre la vie à son ami, a attendu quatre jours. « Il doit déjà sentir mauvais. » dit le texte (Jean 11:39). Détail horrible, mais capital. On est bien obligé d’y croire. De plus, il y a tant de témoins, que l’affaire s’ébruitera très vite… Jérusalem n’est qu’à trois kilomètres de là.

Jean a sans doute été sensible à cet aspect des choses quand il choisit de ne rapporter que cette seule résurrection. Mais il y a bien d’autres raisons. A l’instar de Lazare, Jean était l’ami de Jésus et il l’a autant regardé qu’il l’a écouté. A table, il était souvent tout près de lui (Jean 13:23), comme pour mieux l’observer.

Dans cet épisode, il nous dépeint ce que dit et fait Jésus mais aussi ce qu’il éprouve. Jésus pleure (Jean 11:35), frémit en son esprit, se trouble (v. 33). Il est profondément attristé. Dans ce face à face avec la mort, Jésus n’a jamais semblé aussi proche de nous. Nos sentiments, il les connaît ; nos peines, il les ressent ; nos sursauts, il les fait siens.

Mais il ne faut pas se tromper : Jésus ne fait pas de sentimentalisme. Devant cet ennemi suprême, il n’est pas ravagé par un chagrin impuissant. Il ne pleure pas sur Lazare : il sait qu’il va le ressusciter. Il éprouve une profonde colère devant les lamentations de ce peuple qui traduisent l’impuissance de l’homme, de chacun d’entre nous devant la mort. Un peuple sans espérance pour qui la mort est une défaite définitive.

Et c’est alors qu’il se dresse, qu’il ordonne d’enlever la pierre du tombeau et qu’il ressuscite son ami : « Lazare, sors de là ! » crie-t-il d’une voix forte… « Et Lazare sort, lui qui était mort. » (Jean 11:43-44)

Et c’est vrai, Lazare renaît à la vie !

En quelques instants, Jésus a bouleversé notre vision du monde. La mort n’est plus une fin, elle n’est plus qu’une étape, mais que l’on peut traverser sans mal, avec lui.

Ce n’est pas simplement un message de réconfort au malade. C’est un message d’espérance pour tout homme. Chacun peut trouver l’espoir en lui.

Jésus est plus fort que la mort éternelle ! Elle ne peut atteindre celui qui se confie en lui (Jean 11:25).

On cherche souvent à expliquer la souffrance et la maladie… Ici, Jésus ne donne pas d’explication. Mais ce qui est désormais nouveau, c’est qu’elle rendra ses victimes, qu’elle est impuissante contre les « amis de Jésus ».

Car la vie, non pas seulement les courtes années que nous passons ici-bas, mais la vie par-delà la mort, cette vie est en Jésus-Christ ! Nous sommes ici au centre de cette Bonne Nouvelle que Dieu nous annonce. Certains diront que c’est une question de foi. C’est vrai que la raison perd pied, c’est vrai que je n’étais pas là pour le voir… mais c’est aussi vrai que les chefs de Jérusalem ont cherché à supprimer des témoins. Il fallait une bonne raison…

Il est aussi vrai que c’est au nom de cette espérance que des milliers de chrétiens ont risqué leur vie. C’est encore plus vrai qu’il n’y a aucun bon sens à rejeter une « Bonne Nouvelle », sous prétexte qu’elle est extraordinaire.

Et puis la raison n’a jamais fait bon ménage avec la mort. Elle ne peut la comprendre vraiment, elle n’est d’aucun secours.

Quand Jésus se présente à Béthanie, il n’y a plus de raison. Il n’y a que la douleur, et la foi de Marthe qui, contre toute logique, lui dit : « Je sais maintenant que Dieu te donnera tout ce que tu lui demanderas » (Jean 11:22). C’est la prière de la foi, le cri audacieux de celle qui croit quand il n’y a plus de raison de croire.

La prière est exaucée : Jésus dira « Demandez et vous recevrez, alors votre joie sera complète. » (Jean 16:23-24). Marthe a demandé, Jésus a répondu et la mort a été vaincue.

Folie ? Aux yeux des hommes certainement. Mais que valent les yeux des hommes ? Ils s’éteignent avec leur mort. Alors, pourquoi ne pas croire ? « Celui qui croit en moi vivra, quand bien même il serait mort ! » dit Jésus. Il n’y a pas d’autre espérance, alors pourquoi y renoncer ?

La résurrection de Lazare, c’est l’annonce de l’avenir du chrétien, c’est aussi la démonstration de la puissance de Dieu qui tient ses promesses.

Mais ce n’est pas que cela. L’Apôtre Jean, en nous rapportant cet épisode le sait : Jésus n’a pas voulu faire un « simple prodige ». Il a voulu faire de ce miracle un signe. Un signe de sa mort prochaine et de sa résurrection prochaine. Ce sera le terme de sa mission. C’est pour cela qu’il est venu. Il est venu donner sa vie pour nous (Jean 10:11), pour que nous ayons la vie (Jean 10:10), pour que nous ne mourrions pas. Lazare, c’est un peu nous. De même que Jésus, en venant ressusciter son ami, va au-devant de la mort. De même pour nous sauver, il mourra sur une croix. Mais il ressuscitera !

Comment ne pas discerner au-delà du tombeau de Lazare, le tombeau vide du matin de Pâques ?

La vraie résurrection

Cependant, la résurrection du Christ est d’une tout autre nature que celle de Lazare. On n’est plus sur le même plan. Certains commentateurs font ainsi la différence entre « ressuscitation » pour Lazare, et « résurrection » pour Jésus.

Lazare vivra de nouveau quelques années au milieu des hommes, puis il mourra. Jésus-Christ ressuscité ne meurt plus. Il est entré dans une autre dimension.

Il ressuscite dans la Gloire divine et pour l’éternité.

Et c’est là qu’il nous entraîne. Non pas dans un surplus de vie terrestre, mais dans la lumière éternelle, dans la lumière de l’éternelle vie, au-delà des limites de ce monde et de cette existence.

Cette certitude doit demeurer au cœur de notre foi, quoi qu’il arrive. En ce monde, partout on sent la mort, la corruption ; la vie politique, économique, familiale, aucun domaine n’y échappe. Que faire ?

Croire ! Croire en celui qui a dit « Je suis la résurrection, et la vie ». Avec une telle foi, nous pourrons affronter toutes les tempêtes. Il n’y a pas de vie véritable en dehors de Jésus. L’Évangile parle de ceux qui sont « morts quoique vivants ». Seul le Christ est la vie des hommes. Notre vie et notre mort (au-delà des apparences physiques), sont liées à sa présence ou à son absence en nous.

Jésus a dit à Marthe « Est-ce que tu crois cela ? » (Jean 11:26).

Cette question est désormais posée à chacun d’entre nous, pour son propre compte. Ce n’est pas un « sage » de ce monde qui la pose, c’est Jésus, le Christ et chacun d’entre nous, pour son propre compte, est tenu d’y répondre. La neutralité est impossible. Jésus a dit : « Celui qui ne dit pas oui… dit non » (se reporter à Luc 11:23). Mais avant d’aller plus loin, prenons le temps de faire le trajet jusqu’à Jérusalem aux côtés de Jésus.

La mort de Jésus

Après la résurrection de Lazare, les chefs religieux n’ont plus qu’une idée : faire mourir ce « faiseur de miracles ».

Cela ne vous a-t-il jamais paru étonnant ? Car enfin, ils furent aussi de nombreuses fois témoins de ses prodiges. Alors pourquoi n’ont-ils pas cru à la Bonne Nouvelle annoncée ? Pourquoi cette attitude négative en face de miracles si extraordinaires ?

Leur conduite et leurs réflexions telles que nous les rapportent les évangiles, sont significatives. Ils commencèrent par douter, par examiner, par peser le pour et le contre, comme l’aurait fait n’importe qui. Mais on ne peut leur reprocher une prudence après tout bien naturelle. Ensuite, ils comprirent la véritable portée de l’enseignement de Jésus : ce n’était pas simplement une nouvelle manière de lire les Écritures (Luc 2:46-47), ce n’était pas non plus ce que nous appellerions une nouvelle philosophie (Matthieu 5:17-48) ; c’était une révolution intérieure que proclamait cet homme étonnant. Ce qui est mauvais, disait Jésus, c’est ce qui est dans le cœur de l’individu. Il faut donc transformer ce cœur, changer de manière de vivre, se détourner de ses anciennes façons de vivre, penser et agir…

En un mot, Jésus prêchait la conversion !

Jésus disait qu’il fallait naître de nouveau. L’image est parlante. Peut-être trop pour les chefs de Jérusalem qui découvrent qu’il leur faut repartir à zéro, repartir dans la vie comme des enfants. Plus question du pouvoir… Plus question du mérite : on n’achète pas Dieu ! Croire, faire confiance, voilà ce qu’il faut faire… C’est très dur pour eux, si fiers de leurs bonnes œuvres, de leur bonne conduite et de leur religion (Matthieu 6:5 ; Marc 12:38-40 ; Luc 18:9-14).

Alors, voyant que tout leur système risquait de s’écrouler, ils préférèrent éliminer le gêneur. Ils pouvaient croire, comme le fit Nicodème, l’un d’entre eux (Jean 3), mais ils ne voulurent pas. Dés lors, la mort de Jésus était certaine.

Il ne s’agit pas de les juger. Qu’aurions-nous fait à leur place ? Encore aujourd’hui, n’est-ce pas cette peur de la « remise en question » qui fait hésiter nombre de gens sur le seuil de la foi, plus que les « raisons » soi-disant valables ?

Blaise Pascal disait que « Le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde ». Si nous ressemblons aux chefs de Jérusalem, nous y sommes aussi certainement pour quelque chose.

Certains pensent que la mort de Jésus fut le signe de son échec. Les disciples eux-mêmes, ne seront pas loin de faire du ministère de leur maître un bilan globalement négatif à cause d’elle. Après avoir tout quitté pour le suivre, après seulement trois années d’activité, ils se sentent floués, orphelins, désemparés (Luc 24:17).

Mais cette opinion ne colle pas avec l’histoire : quand il entre dans Jérusalem, Jésus est porté en triomphe par la foule. Il aurait pu accéder au fait du pouvoir, être roi en se prévalant de la légitimité populaire (Jean 12:13). Il aurait pu échapper à la mort s’il l’avait voulu. Et il ne l’a pas voulu. Tout comme il avait accepté que Lazare meure, il accepte et va même au-devant de sa propre mort.

Jean nous rapporte très longuement comment il prépara ses compagnons à sa mort, comment il les encouragea, les fortifia et les consola par avance. Peut-on parler d’échec dans ces conditions ?

Pourquoi Jésus est-il mort ?

Nous arrivons ici au centre de l’Évangile et de la foi chrétienne. Dire qu’il l’a voulu n’est pas une réponse suffisante. On ne meurt pas « comme ça ». Il faut des raisons sérieuses.

Jésus n’avait-il donc plus rien à faire ici-bas ? N’y avait-il plus rien à dire, plus de malades à guérir, de morts à ressusciter, de peuples à visiter ?

Il aimait pourtant la vie et il a suffisamment répété qu’Il était la vie pour que sa volonté de mourir nous étonne.

Il a raconté une parabole, il l’a même expliquée (Jean 10). Il s’est comparé à un berger dont le troupeau serait composé de tous ceux qui croient en lui, annonçant que par amour il allait donner sa vie pour lui. Ainsi donc, sa mort est un acte d’amour. Si nous reprenons les termes du texte, il n’est pas « poussé, forcé » pour le faire.

C’est sans contrainte qu’il fait le sacrifice de sa vie puisqu’il accomplit la volonté de Dieu, son Père.

Nous admettons fort bien « qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15:11-15). Comme Jean ou Lazare, nous sommes les amis de Jésus si nous croyons en lui ; c’est donc pour nous qu’il a donné sa vie. Jésus nous dit que le berger donne sa vie afin que ses brebis aient la vie, autre façon de dire que « c’est pour que tous ceux qui croient en lui ne se perdent pas loin de Dieu, mais qu’ils vivent avec lui pour toujours. » (Jean 3:16). Ce qui nous prive de la vie, c’est ce qui nous sépare de Dieu puisque Dieu est la source de toute vie. Il est le créateur. C’est la première affirmation de l’évangile selon Jean (Jean 1:1).

La question est alors de savoir ce qui nous prive de cette vie, et quel rapport cela peut avoir avec la mort de Jésus. La mort de Jésus nous concerne très directement car il a accepté notre propre condamnation. En fait rien ne nous permet de prétendre pouvoir entrer en contact avec un Dieu que nous avons jusqu’ici rejeté.

Nous sommes privés de sa présence car notre manière de vivre est contraire à tout ce qu’il a prévu pour nous. Cela peut aller de l’hostilité la plus farouche à l’indifférence la plus totale. Il nous a créés pour être ses interlocuteurs, ses répondants volontaires. Par désir d’autonomie, nous avons délibérément décidé de nous passer de sa présence. Nous entrons donc dans un système de vie, étranger au but même de notre création. Nous ne vivons plus désormais selon le principe qui nous permet de vivre tel que Dieu l’avait conçu pour nous.

Ce désir d’autonomie volontaire est ce que la Bible appelle le péché. Pour cette raison, elle déclare : « La conséquence du péché, c’est la mort ».

De ce fait, nous portons la responsabilité d’un monde absurde où la vie ne trouve plus de sens, où l’on se sent mal à l’aise dans la recherche d’une signification oubliée et où les problèmes concernant l’homme lui-même ne trouvent pas de solution.

Se réconcilier avec Dieu, retrouver le vis-à-vis, c’est un impératif vital !

Et si vous êtes tentés de dire, comme le fit un ancien roi, que « Dieu est au ciel et nous sur la terre », Jean précise que c’est notre attitude vis-à-vis de Jésus qui révèle notre position vis-à-vis de Dieu (Jean 15:21-25).

On peut dire que nous sommes « brouillés » avec Dieu, par notre faute, par nos pensées, nos paroles ou nos actes. Il nous faut réparer… et nous ne le pouvons pas, quels que soient notre bonne volonté ou nos efforts. C’est un peu comme pour un accident de voiture : vous ne pouvez payer les dégâts, il vous faut une assurance qui débourse à votre place. Jésus est notre assurance auprès de Dieu ; c’est lui qui offre le « cadeau de réconciliation », et ce cadeau, c’est lui-même. Il meurt pour nous réconcilier avec Dieu, pour nous ouvrir les portes de la vraie vie, de la vie heureuse.

Si nous croyons cela, c’est bien sûr la fin des illusions que nous pourrions encore avoir sur nous-mêmes, mais c’est surtout la certitude d’une existence d’homme ou de femme libre, débarrassée de la peur et de l’angoisse. Comme Lazare, nous sommes les amis de Jésus et la mort est vaincue !

Prenons une dernière illustration : si Jésus était un chèque, il serait énorme ! Mais vous pouvez avoir entre les mains le plus gros chèque de votre vie, il ne vous servira à rien si vous ne l’endossez pas… C’est une belle histoire n’est-ce pas ?

…et si ce n’était pas vrai ?

Bien sûr ! Et si le « chèque » était faux ? Vous ne voulez pas perdre votre temps ni paraître ridicule. L’objection n’est pas nouvelle. Elle s’est posée dès le début de l’Église mais l’apôtre

Paul lui a donné une réponse : la preuve que tout cela est vrai, c’est que Jésus, comme il l’avait annoncé, est ressuscité (Jean16:16-24). C’est la preuve que Jésus a bien vaincu la mort, qu’il y a une espérance pour celui qui se confie à lui, qu’il n’était pas un doux rêveur et un « prêcheur à la petite semaine ».

S’il n’était pas ressuscité, ses paroles seraient peut-être belles, mais vides. S’il n’était pas revenu à la vie comme il l’avait annoncé, il aurait été un imposteur, un simulateur ou un fou, mais en tout cas, pas celui qu’Il prétendait être, « le chemin, la vérité, la vie », « le Fils de Dieu ». Cela dit, s’il est un imposteur, de quelque nature que soit son imposture, il mérite un trophée car il est évident que de bout en bout il a dominé la situation… Mais relisez l’Évangile, ce n’est pas ce Jésus-là qu’il nous présente.

Pourtant, sans l’avouer tout à fait, c’est bien un peu ce que pensent les disciples. Après sa mort ils sont découragés et les fameux « disciples d’Emmaüs » (Luc 24:22-24), bien qu’ils aient entendu parler de la résurrection constatée par Marie de Magdala puis par Pierre et Jean, n’y croient pas.

Il faudra que Jésus leur apparaisse en personne, en chair et en os, pour qu’ils se rendent à l’évidence. Toutefois, nous ne sommes pas sur les chemins d’Emmaüs. Vingt et un siècles après, quelle certitude pouvons-nous avoir ?

Faut-il croire sans preuve, au risque de se tromper ?

Si nous prenons les textes du Nouveau Testament, les preuves surabondent. Aucun doute n’est permis : Jésus est ressuscité.

Le nombre impressionnant de témoins de sa résurrection n’autorise aucune hésitation.

Alors posons-nous la question fondamentale :

Les évangélistes ont-ils dit la vérité ?

Pourquoi auraient-ils menti ? Comment ont-ils pu annoncer la « Bonne Nouvelle » alors qu’ils savaient qu’il n’y avait pas de « bonne » nouvelle du tout, mais plutôt une triste nouvelle ?

Il est certain, et l’histoire le confirme, ils ont bien annoncé l’Évangile dans tout le monde connu de l’époque. Nous savons aussi que beaucoup d’entre eux l’ont payé de leur vie. Donne-t-on aussi facilement « sa tête à couper » ? Risque-t-on sa vie pour le plaisir de dire un mensonge ?

Prenons l’exemple de Pierre. C’est vrai qu’il a menti, trois fois de suite… Mais c’était justement pour sauver sa vie, parce qu’il était plus facile de mentir que de dire la vérité (Jean 18:15-18 et Jean 18:25-27). Or que va-t-il arriver à Pierre ? Il va se retrouver au cœur de Jérusalem même, devant une foule énorme et il va dire la vérité avec assurance (Actes 2:14-40). Il sait que cette vérité le conduira à la mort (Jean 21:15-19). Il n’a plus peur d’annoncer que Jésus est ressuscité.

Qu’est-ce qui l’a ainsi transformé ? Lui qui s’était montré lâche, le voilà courageux. Il n’a plus peur de la mort. Et il n’est pas seul : tous les disciples sont là à ses côtés, tous ceux qui avaient fui lors de l’arrestation de Jésus (Marc 14:50). Ceux qui s’en étaient déjà retournés chez eux, les voilà tous de retour à Jérusalem, devant la foule assemblée, annonçant… la Résurrection ! Seule la certitude qu’ils annonçaient la vérité a pu leur donner ce courage de crier à tous, dans la ville même où il avait été exécuté, que Jésus était ressuscité. La Bonne Nouvelle s’est répandue par tout le monde jusqu’à nos jours.

Selon Jean, qu'est-ce qu'un disciple de Jésus ?

Quand on entreprend la lecture des évangiles ou de la Bible entière, il faut d’abord lire le texte afin d’en avoir une vision d’ensemble.

La Bible veut nous transmettre un message de vérité, de paix, d’amour, de bonheur, de vie… mais aussi dénoncer nos faiblesses, nos inconséquences, nos faillites, nos insuffisances, notre péché. Elle aborde divers sujets, divers thèmes qui se développent au travers de différentes circonstances.

On peut remarquer l’usage répété de certains mots, comme si l’auteur voulait, au fil du texte, en préciser le sens. Lire la Bible c’est aussi chercher à comprendre la signification exacte d’un mot en groupant tous les passages qui le mentionnent. Par exemple examinons ensemble le mot « disciple ».

Le disciple de Jésus

Nous constatons d’abord que Jean emploie fréquemment ce mot pour désigner le groupe restreint d’hommes « choisis » et « tirés du monde » par Jésus (Jean 6:70-71 ; Jean 15:19 ; Jean 6:67 ; Jean 20:24…).

Mais le mot disciple va plus loin. Il désigne aussi tous ceux qui ont reconnu dans l’enseignement du « Maître », les paroles de la vie éternelle (Jean 6:68) et qui ont décidé de croire en lui, et de s’attacher à lui.

Comment devient-on disciple de Jésus ?

Reportons-nous pour cela au premier chapitre de l’évangile selon Jean (1:35-39).

Jean-Baptiste (ne pas confondre avec Jean l’évangéliste), désigne Jésus par ces mots : « Voici l’Agneau de Dieu ».

Qualificatif étrange, mais très évocateur pour qui connaît la Bible car il plonge ses racines dans le passé d’Israël. L’agneau était l’animal offert par les hommes et sacrifié à Dieu pour le pardon des fautes du peuple. Sur la Croix, Jésus le Fils de Dieu va donner volontairement sa vie pour effacer les fautes de tous les hommes. C’est en cela qu’il est l’agneau de Dieu, celui qui sauve en mourant. Jean-Baptiste aurait pu dire « voici celui qui sauve ».

Deux hommes sont là. Ils entendent ce qui est dit de Jésus, ils le suivent. Alors, Jésus leur demande : « Que cherchez-vous ? ».

Ils l’appellent Rabbi, (c’est-à-dire Maître). Ils l’interrogent pour savoir où il demeure… et ils sont restés avec lui (Jean 1:35-39). Tout y est !

La question « Que cherchez-vous ? » est la première parole prononcée par Jésus dans l’évangile de Jean. C’est aussi la première question qui doit être posée à celui qui vient à Jésus.

En fait, elle est posée à tout lecteur de l’Évangile.

Jésus oblige chacun de ceux qui s’approchent de lui à s’interroger : « Que cherchez-vous vraiment ? » La réponse des deux disciples n’est pas moins importante et significative que la question : « Où demeures-tu ? »

Jésus est précisément venu pour nous révéler où il demeure… afin de nous prendre avec lui (Jean 14:3, Jean 17:24). « Voir où il demeure », pour « demeurer avec lui », constitue l’essentiel de la vocation du disciple.

Jésus s’est arrêté sur son chemin et il a attendu ceux qui venaient vers lui. Il leur a parlé, les a invités à se rendre compte par eux-mêmes.

L’engagement du disciple, c’est avant tout cette réponse à l’invitation de Jésus : partager sa vie, connaître ses pensées et puiser à la source.

Le disciple va en quelque sorte greffer sa vie sur celle de son maître (Jean 15:4). Il va le découvrir (Jean 9:37), vivre par lui (Jean 6:57), se nourrir de lui (Jean 6:53). Il se laissera ainsi envahir tout naturellement par la vérité qui est en Jésus et demeurera dans son amour (Jean 15:4-7 ; Jean 8:31 ; Jean 15:39).

Pour Jean, Jésus vient délivrer l’homme du péché dont il est depuis longtemps l’esclave (Jean 8:34-36) et ce péché le sépare de Dieu (Jean 8:42, 44, 47).

C’est en donnant sa propre vie pour les siens (Jean 10:11) que Jésus établira la « réconciliation de l’homme avec Dieu ». (Le mot est de l’apôtre Paul en Colossiens 1:20).

Dans la vision de Jean, le disciple c’est l’homme nouveau (Jean 3:3) né de l’Esprit, né de la lumière divine (Jean 1:12), rétabli dans l’harmonie et la communion de Dieu.

Quand Jésus parle de sa mission, il parle de vie. Il a dit qu’il est venu pour que ses disciples aient la vie, et la vie surabondante (Jean 10:10). Il précisera : « Le chemin, la vérité, la vie, c’est moi. » (Jean 14:6).

Le vrai disciple est celui qui l’écoute et qui croit en lui. Il vit avec Dieu pour toujours. Il n’est pas condamné mais il est passé de la mort à la vie, selon Jean 5:24.

En d’autres termes le disciple est un homme sauvé.

Pour Jean, la vie pour toujours, c’est connaître Dieu (Jean 17:3). Dans la Bible le mot « connaître » quelqu’un, signifie toujours vivre en relation intime, en communion profonde avec lui.

Pour aller plus loin